Etudier pour être opérationnel : l’enseignement supérieur conduit à des carrières moins linéaires ?
Etudier doit toujours permettre à l’étudiant d’acquérir des compétences ciblées mais aussi d’être le plus rapidement possible opérationnel. Et cette employabilité tend à prendre le dessus surtout dans le domaine Digital et informatique.
Lorsqu’il choisit son orientation post-bac, un étudiant s’interroge toujours sur la capacité du cursus sélectionné de le rendre employable et opérationnel, une fois le diplôme obtenu. Cela le conduit également à envisager des changements de carrière plus fréquents qu’autrefois, à un rythme qui peut lui-aussi s’accélérer. Être opérationnel répond à une profonde transformation du marché du travail.
Priorité à l’employabilité pour le choix des études supérieures
Quel que soit le domaine concerné, les études supérieures doivent aujourd’hui répondre à un enjeu majeur : garantir aux étudiantes et étudiants de pouvoir s’intégrer immédiatement sur le marché du travail. Cette prime donnée à l’employabilité des étudiants se révèle encore plus forte dans certaines spécialisations. Ainsi en est-il des métiers du Web ou encore des professions de l’informatique ou encore des filières commerciales. En effet, l’avènement de la transformation numérique a fait augmenter de manière considérable les besoins des acteurs économiques.
Toutes les entreprises, de la start-up à la PME, en passant par les grandes entreprises internationales, recherchent des compétences ciblées en la matière. Pour certaines, il s’agira de répondre aux exigences liées à la conduite d’un projet de développement d’un site Web ou d’une application. Pour d’autres, des compétences spécifiques seront nécessaires pour initier une nouvelle stratégie commerciale basée sur la satisfaction de l’expérience client. Pour d’autres encore, il s’agira de sécuriser des systèmes d’informations et des données (toujours plus importantes) afin de répondre aux exigences des utilisateurs. Il serait illusoire de vouloir dresser la liste de l’ensemble de ces besoins, tant ils sont nombreux. En outre, une grande partie de ceux-ci ne sont pas encore à ce jour identifiés. Les opportunités, nées de l’émergence de l’intelligence artificielle (IA), nécessitent en effet de nouveaux profils pour pouvoir répondre aux offres d’emplois de ces métiers qui n’existent pas encore aujourd’hui.
S’inscrire dans des cursus spécialisés dans le Digital, une garantie pour son avenir professionnel ?
Si cette transformation numérique a profondément impacté le marché du travail, elle n’est pas sans conséquences sur l’univers des études supérieures. Pour les étudiants, ce besoin croissant de compétences, qui se traduit par une multiplication des offres d’emplois, constitue un critère d’importance pour choisir son orientation post-bac. Si le choix d’un BTS (Brevet de Technicien Supérieur) peut se révéler prometteur pour les candidats souhaitant intégrer les études courtes, il sera insuffisant pour celles et ceux, ambitionnant de devenir des experts reconnus dans une spécialité informatique (développement web, …), digitale (UX ou UI Design, …) voire commerciale (Expert en webmarketing, …). Des études longues sont alors envisageables, avec l’obtention d’un BAC + 5 par exemple. Mais décrocher le mastère d’Architecte Web à l’Institut F2i atteste d’un niveau de compétences, mais est-il suffisant à lui-seul pour confirmer l’employabilité et l’opérationnalité des jeunes diplômés ?
Chaque situation est singulière et unique. En revanche, l’étudiant fraichement diplômé pourra davantage valoriser sa capacité à être immédiatement opérationnel, s’il a suivi ses études en alternance. En effet, la signature d’un contrat d’alternance atteste de sa capacité à s’adapter à bien des situations du quotidien. Pour les employeurs, cela représente un atout incontestable. Choisir d’étudier en alternance ne constitue pas seulement un moyen de financer ses études supérieures, mais cela représente une valorisation de son parcours de formation et donc de son CV.
Être opérationnel, une incitation à multiplier les expériences ?
Les étudiants d’aujourd’hui sont pleinement conscients que leur carrière professionnelle ne sera pas aussi linéaire que celle de leurs aînés. Imaginer toute une vie professionnelle passée au sein de la même entreprise est devenue une exception, alors qu’elle était la règle pendant longtemps. Aujourd’hui, les transformations se multiplient à un rythme de plus en plus soutenu, et la durée de vie des compétences est devenue si courte, qu’un étudiant en 2025 est conscient qu’il devra changer deux ou trois fois de métier au cours de sa carrière. Cette accélération a conduit à une nouvelle façon d’aborder le marché du travail pour les jeunes générations. Venu des États-Unis, le terme de job hopping illustre cette nouvelle approche.
Plutôt que de s’efforcer à s’intégrer dans une communauté, un espace de travail, les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à envisager un changement d’emploi dans des délais très courts. Après quelques années, ou quelques mois (pour les plus impatients et / ou les plus ambitieux), les jeunes actif n’hésitent plus désormais à quitter leur fonction pour postuler un autre poste, pourvu qu’il soit plus valorisant, plus gratifiant ou qu’il offre de nouvelles expériences et opportunités. Cette tendance se renforce avec la pénurie de compétences que le domaine du digital et de l’informatique connait aujourd’hui. Les étudiants diplômés sont en « position de force », puisqu’ils apportent une réponse, dont ont besoin les entreprises.
Étudier pour être opérationnel : comment l’enseignement supérieur impacte aussi l’organisation des entreprises ?
Si le job hopping caractérise les jeunes générations, il impacte profondément les entreprises dans leur manière de gérer les ressources humaines. Si ces acteurs économiques ont besoin de recruter de nouveaux talents pour les accompagner dans leur projet de développement, ils ont également besoin de fidéliser ces derniers afin de pouvoir se projeter sur le moyen et le long terme. Aussi a-t-on vu, depuis plusieurs années, les entreprises s’efforcer de soigner et de renforcer leur image de marque employeur. Les conditions de tel ou tel emploi ne sont plus suffisantes pour attirer, séduire et fidéliser les jeunes générations. Ces dernières veulent trouver du sens dans leur projet professionnel, sous peine d’aller en chercher ailleurs. Une récente étude Gallup a mis en évidence ce phénomène
Plus d’un jeune Millenial sur 5 (21 %) a changé d’emploi au cours des 12 derniers mois
La fidélité à une entreprise n’est plus une valeur caractéristique du marché de l’emploi, et les entreprises l’ont bien compris. Ainsi, de plus en plus de recruteurs analysent en détail les CV des candidats à une offre d’emploi en s’efforçant d’étudier les durées de travail en CDI de chaque poste occupé. Car si changer de métier peut représenter un atout pour les jeunes actifs en leur offrant davantage d’expérience professionnelle, recruter et former un nouveau collaborateur a un coût qu’il faut « rentabiliser ». Aussi, le turn-over s’est-il imposé comme un KPI incontournable aujourd’hui de toute stratégie RH.
Des compétences et la capacité à s’adapter à un marché du travail en pleine transformation !
Cela illustre également un autre changement qui est à l’œuvre. Car si les jeunes actifs changent plus fréquemment d’emploi, c’est autant pour booster leur carrière et leur rémunération (le plus souvent, un changement d’emploi implique une augmentation de la rémunération) que pour gonfler un CV, qui prend davantage de force, que pour satisfaire à un état d’esprit. Dans le domaine du numérique, changer d’emploi pour les experts et les spécialistes en tout genre s’effectue souvent à la fin d’une mission, d’un projet. Cela leur garantit en effet de ne pas souffrir de la routine du quotidien, en se projetant déjà dans un nouveau challenge.
Car les besoins en compétences numériques et informatiques, aussi importantes et essentielles soient-elles, ne sont pas linéaires pour les entreprises. Certains projets nécessiteront des compétences spécifiques (la Cybersécurité d’une application Web, la conception UX d’un nouveau site Web, … ) pendant une durée plus ou moins longue. Ces disparités peuvent elles-aussi expliquer en partie le phénomène du job hopping. Elles ont également conduit les entreprises à adopter une nouvelle approche quant à la satisfaction de certains besoins en compétences : l’externalisation des missions à effectuer. Les entreprises, indépendamment de leur taille et de leur secteur d’activité, ressentent des besoins précis et spécifiques. Ces besoins peuvent être limités dans le temps ou fluctuer dans la durée. Aussi, faire appel à des agences spécialisées ou à des freelances est devenu une habitude de plus en plus partagée par les acteurs économiques. Cela répond aussi aux aspirations des nouvelles générations, qui voient dans le freelancing plus qu’un travail indépendant mais une façon de travailler répondant à leurs envies profondes (nomadisme digital, flexibilité de l’organisation du travail, …). Là encore, la prime est donnée à l’employabilité et à la flexibilité, comme si ces deux qualités étaient devenues aussi importantes que les compétences purement professionnelles recherchées par les entreprises.