Métiers de l’informatique : faut-il être spécialiste pour réussir ? - Institut F2I
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Métiers de l’informatique : faut-il être spécialiste pour réussir ?

Dans tous les secteurs d’activité, la question de la spécialisation revêt aujourd’hui une nouvelle dimension. L’expertise promise par certaines études supérieures répond-elle vraiment aux exigences des entreprises, soucieuses de recruter des profils flexibles et adaptables ? Devenir généraliste dans un domaine d’activité est-il suffisant pour apporter une véritable plus-value à son employeur ? Faut-il privilégier des études courtes comme un BTS ou au contraire vouloir devenir un spécialiste reconnu avec des diplômes BAC +4 OU bac +5 ? Autant de questions, que l’Institut vous aide à solutionner. Alors en 2022, vaut-il mieux suivre des études supérieures pour devenir un généraliste confirmé ou faut-il au contraire se spécialiser à outrance ?

Traditionnellement, la spécialisation dans un secteur d’activité, quel qu’il soit, était un gage de réussite professionnelle, assurant aux étudiantes et étudiants un avenir professionnel aussi passionnant que prometteur. Mais le marché du travail a été profondément restructuré, et l’opposition entre les « généralistes » et les « spécialistes » concentre une bonne partie des débats.

Pour commencer, on ne peut distinguer les métiers de la Tech et de l’informatique des autres secteurs d’activité, tant la transformation numérique de notre société a conduit toutes les professions à se « digitaliser ». Un étudiant, s’engageant dans un cursus dédié à la communication (BTS Communication par exemple) ne sera-t-il pas confronté à la com digitale ? Ne devra-t-il pas composer en intégrant les tenants conventionnels de ces métiers avec les opportunités nées des dernières innovations ? Cela se retrouve dans les métiers du marketing, de la vente, des ressources humaines, de la gestion, ….

Dans un second temps, il faut bien comprendre que la spécialisation évoquée ne renvoie plus aujourd’hui aux mêmes notions que par le passé. Un étudiant pouvait ainsi acquérir après 3, 4 ou 5 années d’études des compétences techniques spécifiques, que les autres collaborateurs de l’entreprise n’imaginaient même pas. Dans les années 1960, les premiers ingénieurs réseaux et Telecom s’imposent comme des professionnels à part, maîtrisant des savoir-faire dont les autres salariés ignoraient jusqu’à l’existence. Les tâches étaient fortement divisées et segmentées, laissant peu de place aux interactions horizontales. Le management vertical, hiérarchique renvoie chacun à une mission bien définie.

A l’inverse, avant l’émergence d’Internet et des nouvelles technologies, les salariés généralistes ne ressentaient pas le besoin d’acquérir des compétences supplémentaires, comme c’est le cas aujourd’hui. De la secrétaire au responsable d’un point de vente, du manager d’équipe au chef de projet, tous les profils généralistes doivent aujourd’hui disposer de compétences spécifiques, ne serait-ce que pour tirer pleinement profit de ces innovations. Les compétences numériques ou bureautiques exigées des nouveaux collaborateurs par les entreprises ne correspondent-elles pas à la spécialisation des décennies précédentes ?

Cette atténuation de la frontière entre les experts ultra spécialisés d’un côté et les profils généralistes, censés accompagner et seconder les premiers, s’explique aussi, en partie, par la mutation qu’ont connu les entreprises au cours de ces dernières décennies. Bien qu’elle en justifie une grande partie, la transformation numérique n’est pas la seule responsable.

Les entreprises elles-mêmes ont dû s’éloigner de la spécialisation de leur activité, et désormais le commerce est qualifié d’omnicanal, la vente de services se développe au rythme du multicanal, …. Pour se développer, chaque entreprise a du pouvoir élargir ses prestations (services ou biens) afin de satisfaire des consommateurs en perpétuelle évolution. Par exemple, un responsable logistique devait se concentrer, il y a 20 ou 30 ans, sur l’optimisation des flux. Aujourd’hui, il doit en outre garantir le respect des normes réglementaires de plus en plus contraignantes, satisfaire aux exigences des clients finaux (moins de pollution, moins de conséquences sur l’environnement, …) tout en assurant l’information des autres services de l’entreprise -Marketing, SAV, gestion des ventes, …. -. Une expertise exigeant donc une parfaite connaissance des autres aspects plus généralistes de la gestion d’entreprise.

Elles ont dû également s’adapter aux nouvelles habitudes de leurs clients, tant en BB qu’en B2C. Les prospects sont désormais « mieux éduqués » et veulent être proactifs dans leur mode de consommation. Les industriels doivent aujourd’hui faire preuve d’une stratégie RSE ambitieuse ou d’un engagement fort en matière de protection environnementale ou de développement durable, s’ils veulent séduire les consommateurs. Même les professionnels de santé, une profession que l’on aurait pu croire protégée de cette querelle, doivent désormais, outre leurs compétences médicales, répondre aux attentes de protection, d’anonymisation et de confidentialité des données. Les finalités se multiplient, obligeant les anciens experts, traditionnellement cantonnés à une et une seule mission, à devenir multicartes, puisque toutes ces finalités ne poursuivent qu’un objectif commun :le développement de l’entreprise.

Cette évolution se traduit aussi par une nouvelle forme d’organisation du travail au sein des entreprises. On n’évoque pas seulement l’ambiance et l’esprit des start-ups mais bien de toutes les entreprises, depuis les multinationales jusqu’au réseau de TPE / PME.

Parce que les objectifs poursuivis se multiplient, l’entreprise a dû répondre en créant au sein de ses équipes les interactions nécessaires pour ne négliger aucune opportunité. Le cloisonnement des services, une caractéristique chère à la spécialisation des professionnels, est révolu. Le responsable informatique doit pouvoir s’appuyer sur une parfaite maîtrise des impératifs de la force de vente. Le chargé de communication doit pouvoir appréhender les possibilités offertes par le CMS de son entreprise ou toute autre solution logicielle. L’expert en Cybersécurité ne peut réussir sa mission que s’il connaît parfaitement les besoins des utilisateurs et leurs habitudes de travail. On pourrait multiplier les exemples pour souligner que l’ancienne organisation verticale des entreprises ne satisfait plus à l’environnement actuel. Non seulement, les experts sont appelés à être plus généralistes mais ils doivent aussi apprendre à travailler en « mode équipe », en réunissant des spécialistes d’autres domaines et des profils plus généraux. Le travail en mode projet est devenu récurrent au quotidien dans les entreprises, et on évoque souvent la prédominance des méthodes agiles en termes de management RH.

C’est un atout supplémentaire pour les étudiants au profil généraliste, qui pourront profiter de leur expérience professionnelle pour éventuellement se spécialiser en fonction des besoins de leur employeur.

Il serait trompeur de laisser croire, que la spécialisation n’est plus une valeur reconnue au sein des entreprises. Ces dernières ont toujours besoin de profils ultraspécialisés, ne serait-ce que pour initier de nouvelles opportunités, ou défricher de nouveaux marchés. Suivre des études supérieures pour devenir Expert Blockchain assure aux étudiants de pouvoir conduire le changement en s’appuyant sur la maîtrise de cette innovation de rupture. Il ne s’agit aucunement d’une formation généraliste mais bien d’un diplôme BAC +5 spécialisé et répondant à des besoins spécifiques.

En revanche, on ne peut nier que ces compétences techniques, exigeant l’implication d’un spécialiste reconnu, ont tendance à évoluer de plus en plus rapidement. Bien que basé sur les chiffres recueillis en 2019, le rapport « l’avenir du travail. Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2019 » résume parfaitement cette profonde mutation du marché de l’emploi, qui caractérise tous les secteurs d’activité et plus encore ceux liés aux TIC (Technologies de l’information et de la communication). Selon ce rapport, une compétence technique (en d’autres termes nécessitant le recours à un Expert) avait une durée de vie moyenne de …30 ans. Elle assurait donc à l’étudiant s’étant formé en ce sens de garantir son avenir professionnel. Cette même durée de vie, en 2019, était évaluée entre 12 et 18 mois. Autant dire, qu’un jeune diplômé ne peut plus aujourd’hui espérer fonder sa réussite professionnelle sur l’expertise acquise à travers un diplôme. Il devra lui-aussi apprendre à évoluer, et pour se former en permanence à ces expertises naissantes, quoi de plus efficace que de pouvoir s’appuyer sur une maîtrise des fondamentaux, soit une connaissance généraliste optimale. 

On a compris, au terme de ce survol rapide (qui aurait pu mériter bien d’autres développements), que la question entre expert et généraliste n’est pas aussi facile à résoudre qu’on pouvait le croire au départ. Pour les étudiants, cette évolution se traduit également par une autre manière d’aborder les études supérieures. Au vu des évolutions décrites ci-dessus, il n’est pas illogique de constater une très forte augmentation de la proportion d’étudiants optant pour des études en alternance. Contrat de professionnalisation ou contrat d’apprentissage offre aux étudiants une solution de financement de leurs études mais aussi et surtout une première expérience professionnelle, leur permettant de prendre pleinement conscience de cette tendance « d’expertise généraliste ».

D’autre part, les études supérieures se sont aussi adaptées aux nouvelles règles du marché du travail. Un étudiant s’engageant dans un BTS SAM (Support à l’action managériale) pourra, au fil du temps, décider de se spécialiser et s’orienter vers des études supérieures plus longues pour décrocher le titre de Chef de Projet de la transformation digitale. De la même façon, l’obtention d’un BTS NDRC (Négociation et digitalisation de la relation Client) pourra conduire l’étudiant à vouloir développer son expertise en s’orientant vers les études conduisant au diplôme d’Expert Digital Marketing.

En d’autres termes, toutes les expertises, promises par des études supérieures longues, nécessitent une évolution, devant conduire l’étudiant à une formation générale optimisée. Cette dernière pourra être prépondérante dans son futur parcours professionnel, même si son expertise pourra, dans un premier temps, lui permettre d’envisager plus sereinement son insertion professionnelle.

Pour l’étudiant, la question ne se pose donc pas en termes de spécialisation ou pas, mais bien en fonction de son projet professionnel et de son projet personnel. Cela dépendra aussi des autres compétences, dont il peut faire preuve et qu’il souhaite développer. En effet, outre l’évolution évoquée de l’organisation même des entreprises, ces dernières privilégient de plus en plus, dans leur recrutement, les Softs Skill. Et ces qualités comportementales ont tendance à parfois prendre le dessus sur les Hard Skill, ces compétences professionnelles que nous évoquons ici. Alors entre spécialisation et formation générale, compétences techniques et savoir-être, l’orientation des étudiants repose sur de multiples critères. Le choix d’un cursus par rapport à un autre constitue donc bien avant tout une décision éminemment personnelle. Et cela ne change pas depuis des décennies, comme quoi tout n’est pas appelé à se transformer….

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